Une équipe australienne publie une étude sur un sujet débattu et important : l’impact d’une analgésie réalisée au cours de l’accouchement sur l’allaitement de l’enfant. Les résultats apportent des arguments montrant que, après une analgésie péridurale, l’allaitement maternel est plus souvent difficile ou en échec.

LES INSTANCES internationales de santé publique recommandent un allaitement maternel complet pendant les six premiers mois de la vie du bébé et partiel jusqu’à douze mois. L’équipe de Sidney (Siranda Torvalsden et coll.) montre, sur une cohorte, que les femmes qui ont une analgésie péridurale, une anesthésie générale et/ou une césarienne ont plus souvent des difficultés à allaiter pendant les premiers jours et ont plus souvent cessé d’allaiter au cours des 24 premières semaines
« Cette relation n’est pas causale. Mais il est important d’informer les femmes, le cas échéant, de ce risque d’arrêt précoce de l’allaitement maternel et de les faire bénéficier d’une assistance à l’allaitement, au cours du post-partum immédiat et dans les mois qui suivent ».

Un ancien soupçon.

L’utilisation de la péridurale présente différents inconvénients connus : allongement de la durée du travail, risque d’accouchement aux instruments. S’ajoute à ça, et de plus en plus clairement après l’étude de Torvalsden et coll, un impact négatif sur l’allaitement maternel, ce que l’on soupçonne depuis longtemps.

Ils ont réalisé une étude prospective de cohorte chez 1280 femmes de plus de 16 ans qui ont donné naissance à un enfant unique vivant, avec une collecte d’informations sur l’allaitement entre la première et la 24è semaine du post-partum.
Les femmes ont été placées dans trois catégories, selon qu’elles ont pu fournir un allaitement complet, partiel, ou ont été en échec.
« Les auteurs sont parmi les premiers à utiliser un modèle de régression de Cox pour traiter ce sujet. Cette analyse suggère que l’utilisation intra-partum de péthidine et d’une péridurale peut augmenter la probabilité d’interruption de l’allaitement maternel », souligne Sue Jordan dans un commentaire.

Les résultats montrent 94 % de mères ayant allaité leur bébé, soit complètement, soit partiellement pendant la première semaine du post-partum, et 60 % qui ont allaité jusqu’à la 24è semaine. Au total, il y eut 210/292 (72 %) des femmes n’ayant pas eu d’analgésie médicamenteuse qui ont allaité jusqu’à la 24è semaine, contre 139/261 (53%) de celles qui ont reçu de la péthidine et 206/396 (52%) de celles qui ont eu une péridurale contenant de la bupivacaïne et du fentanyl. Il existe une association très significative entre une analgésie pendant l’accouchement et des difficultés à l’allaitement ou un allaitement partiel par la suite (p

Des scores neurologiques affaiblis. Les opioïdes donnés à la mère passent au nouveau-né à travers le placenta et via le colostrum. Plus les dérivés sont lipophiles, plus ils passent facilement. Un enfant engourdi ou difficile à réveiller prendra moins facilement le sein, pour lequel l’effort de succion est plus important que pour un biberon. Des scores neurologiques et des capacités d’adaptations affaiblies ont été rapportés chez des enfants dont les mères ont reçu de la bupivacaïne et du fentanyl par voie péridurale. On a trouvé une relation dose-dépendante entre le second et l’allaitement artificiel. Les praticiens doivent tenir compte des doses reçues par les femmes pour prévenir les difficultés et apporter un soutien particulier à l’allaitement maternel.

(Article du 11/12/06 du Quotidien du Médecin)